Les patriotes chinois, déchaînés depuis les mésaventures de la flamme olympique en Occident, ont leur icône. «Ange souriant dans une chaise roulante»,«héroïne nationale», selon les médias qui l'encensent depuis une semaine, Jin Jing, 27 ans, est une championne d'escrime amputée d'une jambe depuis ses 9 ans à la suite d'une tumeur cancéreuse.
«Jusqu'à la mort». Le 7 avril, elle était la troisième relayeuse de la flamme à Paris. Lorsqu'un manifestant a tenté de lui arracher la flamme olympique, elle a serré la torche contre son coeur, à deux mains. Elle a «défendu l'honneur de la mère patrie», ont aussitôt salué les médias d'Etat, déclenchant des milliers de réactions sur le Net. En rentrant à Pékin, Jin Jing a éclipsé la pop star taïwanaise Jay Chou arrivé par le même avion. «Je n'ai pas réfléchi, j'ai juste pensé : "Je ne vais pas laisser ces indépendantistes prendre la torche, même si je dois lutter jusqu'à la mort." Mon premier réflexe a été de courber la tête et d'utiliser mon corps pour protéger la torche», a-t-elle confié. Jin Jing, dont le nom signifie «or», a ajouté qu'elle n'avait rien fait d'exceptionnel : «N'importe quel Chinois, n'importe quel porteur de la torche, aurait fait la même chose.»
Héros. En République populaire de Chine, les héros sont toujours modestes. Dans les années 60, il convenait d'honorer Lei Feng. Cet «ouvrier modèle», fils de paysan pauvre qui n'a jamais rien fait de notable, incarnait le dévouem