C’était certainement de l’ironie onusienne. En 2005 se tenait à Tunis le Sommet mondial sur la société de l’information. Car depuis, la situation d’Internet et de ses utilisateurs - déjà guère brillante - ne s’est pas améliorée dans le pays. Tour d'horizon des petites tracasseries et grosses censures dont souffrent les militants des droits de l’homme et les Tunisiens lambda.
«Oui, dernièrement il y a une évolution d'Internet en Tunisie. Vers le serrage de vis.» Le jugement de la journaliste indépendante Sihem Bensedrine est lapidaire. Mais l'infatigable opposante au régime de Ben Ali ne se fait pas prier pour expliquer les problèmes rencontrés par les internautes tunisiens. Et la liste est longue: «Régulièrement, les militants et les journalistes voient leur connexion coupée et quand on fait une réclamation, les opérateurs nous assurent que tout est normal. Ensuite, certains mails n'arrivent tout simplement pas (Avant de la joindre par téléphone, Liberation.fr lui avait envoyé un courrier électronique qu'elle assure n'avoir jamais reçu, ndlr). Et depuis une semaine, on voit arriver certains courriers dans notre boîte de réception mais impossible de les ouvrir, d'y répondre. Ils disparaissent complètement, ils ne se retrouvent ni dans la corbeille ni dans les spams. C'est vraiment très performant.»
L'ancien magistrat Mokhtar Yahiaoui, suspendu de ses fonctions pour avoir dénoncé dans une lettre ouverte en 2001 le manque d'indépendance de la justice, e