Dénoncé de longue date comme «liberticide» par les organisations de défense des droits de l'homme, l'article 301 du code pénal turc sanctionnant les atteintes à la «turcité» (identité turque) a été amendé, le 30 avril, par le Parlement dominé par l'AKP (Parti de la justice et du développement, issu du mouvement islamiste) du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan.
Sourde oreille. Un nouveau code pénal, censé être plus libéral, avait été instauré en 2005, quelques mois avant l'ouverture des négociations d'adhésion à l'Union européenne (UE). Mais le 301 et une demi-douzaine d'autres articles du même genre ont permis à des organisations nationalistes de déposer des séries de plaintes qui ont entraîné les inculpations de plus d'une centaine d'intellectuels, dont le prix Nobel Orhan Pamuk pour avoir évoqué le génocide arménien de 1915, ou le professeur de science politique Baskin Oran, auteur d'un rapport accablant sur la situation des minorités. Même si la quasi-totalité de ces procédures ont finalement abouti à des non-lieux, Bruxelles exigeait l'abolition de ce texte. Jusqu'ici, l'AKP faisait la sourde oreille pour ménager une opinion publique très «patriote». Désormais menacé d'une procédure d'interdiction pour «activité antilaïques» par la Cour constitutionnelle, le parti au pouvoir, après quatre ans de quasi-immobilisme en matière de démocratisation, retrouve sa veine réformiste pour avoir le soutien de l'UE face à l'armée et aux durs du camp laïc.
Le changement