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Libération

Normalisation interdite avec Jérusalem

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publié le 7 mai 2008 à 3h22

De notre correspondante au Caire. «Ici, on peut débattre sexualité, voire religion, mais pas d'Israël ! C'est le tabou absolu.» Etudiante en communication à l'université du Caire, Iman n'ose pas le dire : elle aurait bien envie d'aller faire un tour de l'autre côté de la frontière, en Israël. «Je déteste ce pays, compte tenu de ce qu'il fait subir aux Palestiniens. Mais je ne vois pas en quoi aller se confronter à la réalité d'Israël et parler à des Israéliens serait une trahison de la cause arabe. Au contraire ! Je pourrais débattre directement avec eux, ça ferait peut-être avancer les choses !»

Fruits amers. Mais cela, Iman ne peut pas le dire : en Egypte, l'idée d'entretenir la moindre relation avec Israël est considérée comme une ignominie. Le dramaturge Ali Salem en sait quelque chose, lui qui a osé, au lendemain des accords d'Oslo (1993), se rendre en Israël au volant de sa vieille Lada. Il en a ramené un livre qui retrace sa rencontre de ce pays avec lequel il pense qu'il faudra bien apprendre à vivre en paix, loin de la haine et de la peur de l'autre. Il en a surtout récolté les fruits amers : mis au ban de l'intelligentsia arabe, il a été exclu de l'ordre des écrivains et est aujourd'hui méprisé par tous. En Egypte, la normalisation est de facto interdite : les syndicats professionnels menacent de radiation ceux qui s'y risqueraient. Et même le prix Nobel de littérature Naguib Mahfouz n'en a réchappé que de peu lorsqu'une polémique virulente avait écla