«Il y a des dizaines d'hommes en armes dans la rue. Ils ont attaqué un bureau du parti de Saad Hariri avec des roquettes. Ils demandent aux gens à l'intérieur de se rendre», hurle Ahmed, en courant se réfugier dans la salle de bain de son appartement situé dans le quartier mixte de Noueiri, près du centre-ville de Beyrouth. Une balle perdue vient d'atterrir sur son balcon. En bas de l'immeuble, des sympathisants du Hezbollah et d'Amal, les deux partis chiites de l'opposition libanaise, encerclent la permanence du Courant du futur, pilier sunnite de la majorité parlementaire. Ils s'apprêtent à y mettre le feu.
Armée débordée. Comme le redoutait la population, la journée de grève, organisée hier pour une hausse des salaires, a dégénéré en affrontements armés. Les incidents se sont multipliés un peu partout dans les quartiers ouest de Beyrouth, essentiellement musulmans. Partisans de la majorité et de l'opposition se sont fait face durant plusieurs heures et l'armée est apparue débordée. Hier soir, le bilan de ces affrontements n'était toujours pas connu.
Dès sept heures du matin, le Hezbollah avait commencé à barrer les principaux axes de la capitale à l'aide de pneus enflammés, tas de sables et autres bennes à ordures, bloquant notamment l'aéroport. Une heure plus tard, les premiers incidents éclataient. La Confédération générale des travailleurs au Liban (CGTL, principal syndicat du pays), qui avait appelé les travailleurs à «mettre un terme à l'injustice sociale»,