Le Hezbollah maître de la majeure partie de Beyrouth, c'est un scénario que tous les Libanais avaient envisagé mais auquel personne ne croyait réellement. Vendredi, pourtant, le «Parti de Dieu», estimant que les décisions du gouvernement mettaient sa «capacité de résistance» en danger, a pour la première fois retourné ses armes vers l'intérieur du pays. En quelques heures et après de violents affrontements, qui auraient fait une dizaine de morts, ses combattants ont pris le contrôle de l'ouest de la capitale.
L'action lancée par le parti chiite, allié stratégique de la Syrie et de l'Iran, pilier de l'opposition libanaise, s'est déroulée en trois temps. Mercredi, au moyen d'une grève lancée par la Confédération générale des travailleurs au Liban, ses partisans érigent des barrages sur les artères de la capitale. Le lendemain, son secrétaire général, Hassan Nasrallah, exige du cabinet qu'il revienne sur deux décisions prises lundi en Conseil des ministres, sinon ce sera l'escalade. La première prévoit de démanteler partiellement le réseau autonome de télécommunications du Hezbollah. La seconde consiste à limoger le chef de la sécurité de l'aéroport de Beyrouth. Le soir même, alors que les affrontements entre partisans de la majorité et de l'opposition font rage, le «Parti de Dieu» refuse la proposition de sortie de crise du leader sunnite Saad Hariri et déclenche la troisième phase : l'utilisation de la force pour mettre à genoux la majorité parlementaire.
Assié