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Libération

Les urnes funestes de la junte

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par Frédéric BELGE
publié le 10 mai 2008 à 3h25

La Birmanie connaîtra ce samedi un jour «historique» : la tenue du premier référendum convoqué par un gouvernement qui veut s'ouvrir officiellement à plus de démocratie, autorisant officiellement d'autres partis politiques à se présenter à d'hypothétiques élections promises pour 2010. Un scrutin qui en dit long sur la nature ubuesque d'un régime qui n'accepte l'aide internationale qu'au compte-gouttes (lire ci-dessous), alors que son peuple est accablé par une catastrophe sans précédent. Le cyclone Nargis a fait des dizaines de milliers de morts et laissé plus d'un million de personnes sans abri. «Approuver la Constitution est une obligation nationale», a toutefois réaffirmé le régime militaire qui a maintenu le scrutin dans la majeure partie du pays. Les généraux birmans ont balayé du revers de la main les appels de l'opposition : «Ce n'est pas le moment approprié pour tenir un référendum», avait ainsi déclaré Nyan Win, porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD) de Aung San Suu Kyi, lauréate du prix Nobel de la paix. En septembre, le pouvoir avait sévèrement réprimé le mouvement de protestation contre la vie chère mené par les bonzes. Pas question, pour lui, d'être à nouveau bousculé par une éventuelle contestation.

Paranoïa. La junte militaire, au pouvoir depuis 1962, se cloître plus que jamais dans sa tour d'ivoire. Une tour qui prend la forme d'une «nouvelle capitale», construite l'an passé, à 300 km au nord de Rangoun, dans la ville de Nayp