De notre correspondante à Varsovie. Elle en parle comme de sa «troisième mère».«La première, ma mère biologique, était juive ; la seconde, celle qui m'a adoptée, aimée et élevée, polonaise ; mais celle qui m'a sauvé, c'est elle, Irena Sendler», raconte Elzbieta Ficowska, un des 2 500 enfants juifs sauvés du ghetto de Varsovie grâce à cette Polonaise qui est morte hier à l'âge de 98 ans. A six mois, Elzbieta Ficowska a été sortie de l'enfer dans un petit coffre en bois, cachée sur une charrette transportant des briques. Cet été 1942, les Allemands s'apprêtent à liquider le ghetto où, sur 4 km2, près de 500 000 Juifs de Varsovie et de ses environs avaient été entassés. De l'autre côté du mur, Irena Sendler et ses assistantes, engagées dans le mouvement de résistance Zegota (Conseil d'aide aux Juifs), organisent l'assistance aux familles juives.«A côté de ceux qui les sauvaient, il y avait ceux qui les dénonçaient. Les Polonais n'étaient ni meilleurs ni pires que d'autres nations», souligne Ficowska.
Héroïque. Connaissant les chances de survie minimes des adultes, Irena Sendler tente de sauver au moins les enfants. Son père médecin lui avait enseigné le devoir «d'aider ceux qui se noient» et appris à «distinguer les hommes seulement entre bons et mauvais, jamais selon leur religion ou leur nationalité». «Quand je proposais aux familles de sauver leur enfant, les réactions étaient tragiques, a-t-elle écrit. Les mères n'imaginaient point de s