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Libération
Reportage

Désolation à Dujiangyan

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publié le 15 mai 2008 à 3h28

Envoyé spécial à Dujiangyan (Sichuan). Devant les ruines du lycée détruit par le séisme, des parents attendent dans la boue depuis deux jours et demi que les secours sortent le corps de leur enfant. Environ 900 élèves étaient en cours lundi à Dujiangyan, une localité de la province du Sichuan (sud-ouest de la Chine), à quelques kilomètres de l'épicentre du tremblement de terre, lorsque le bâtiment s'est écroulé sur eux comme un château de cartes. Une soixantaine d'enfants seulement a survécu. Et il reste plus d'une centaine de corps à l'intérieur de l'école. «J'ai de moins en moins d'espoir, mais je veux au moins pouvoir lui donner des funérailles», dit impassible Luo Guomin, les traits tirés par deux nuits blanches. Sa femme n'a même plus la force de pleurer. Des brancardiers transportent un corps inerte vers de grandes tentes en plastique. Au milieu de la foule, les parents hurlent de douleur et allument des encens pour leur enfant.

«Au bulldozer». Le cadavre d'une jeune fille gît là depuis deux jours, personne n'étant venu le réclamer. De temps à autre des gens viennent inspecter le corps, dont les membres ont été tellement fracturés qu'ils semblent mous. L'odeur de chlore, pulvérisé pour éviter les infections, se mélange à la puanteur de la chair humaine et du sang séché. Luo est furieux contre l'organisation des secours et les autorités locales. «Juste après la secousse nous [les parents, ndlr] sommes venus pour déblayer les décombres et sauver les blessés. Le