De notre correspondant à Bogota. Deux ordinateurs portables, une paire de clés USB et trois mémoires externes tiennent en haleine la région andine. Interpol doit certifier ou infirmer aujourd'hui l'authenticité du contenu de ce matériel informatique, saisi par l'armée colombienne le 1er mars dans le campement de Raúl Reyes, sur sol équatorien. Le porte-parole international des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) venait d'être tué par l'armée colombienne, et les policiers avaient aussitôt ramené à Bogotá leur précieux butin : 16 000 documents accumulés par le responsable des Farc, dont certains mouillaient les Etats voisins.
Les conclusions d'Interpol, qui ont déjà «été envoyées aux présidents des pays concernés», selon Bogotá, menacent de réveiller la crise régionale qui sommeille depuis l'incursion colombienne en Equateur. Le chef d'Etat équatorien, le socialiste Rafael Correa, n'a toujours pas rétabli les relations diplomatiques rompues trois jours après l'attaque, blessé par des «accusations inamicales» ; son homologue vénézuélien, le bouillant Hugo Chávez, accuse déjà Bogotá et les Etats-Unis de «vouloir provoquer une guerre». Sur la foi des documents saisis, les autorités colombiennes les accusent depuis des semaines de complicité avec les Farc. Moins de soixante-douze heures après la mort de Reyes, le directeur de la police, Oscar Naranjo, a publié des échanges de mails compromettants entre les membres du «secrétariat» - la dir