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Libération
Reportage

Pour les habitants de Tripoli, la guerre civile «n'est pas finie»

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publié le 15 mai 2008 à 3h28

Pour rejoindre les «quartiers chauds», le chauffeur de taxi préfère emprunter la voie du bord de mer, plus sûre. «Un sniper a tué une fillette de 12 ans il y a quatre jours, près de l'artère principale. Dans la situation actuelle, il vaut mieux être prudent et éviter certains endroits.» La zone qu'il contourne soigneusement, c'est Jabal Mohsen, un bastion de l'opposition dans la banlieue de Tripoli, la grande cité portuaire du nord Liban, qui domine les immeubles grisâtres de Bab al-Tebbeneh, fief de la majorité. Pendant deux jours, les combats ont fait rage entre ces deux quartiers miséreux, de part et d'autre de la route menant vers la Syrie.

Hier matin, le calme est revenu aux abords de la grande route mais la tension reste palpable. «Les proSyriens sont sur la colline en face de nous avec leurs milliers d'armes, leurs roquettes. Évidemment, nous sommes méfiants et nous nous tenons prêts à nous défendre», explique d'une voix froide Khaled, posté à l'entrée de son magasin, l'un des rares ouverts au lendemain de la bataille. Au-dessus de son échoppe, toutes les vitres des appartements ont été brisées par des balles, des roquettes se sont fichées dans les balcons. Dans les ruelles adjacentes, des hommes traînent par petits groupes, silencieux, aux aguets. «La guerre entre nous dure depuis des dizaines d'années, soupire Mohammed, un vieil homme édenté assis sur une chaise en plastique. C'est pour cela que nous savons que ce n'est pas fini.» L