Menu
Libération

Sous les verrous, les ripoux de Coslada ne feront plus la loi

Article réservé aux abonnés
publié le 17 mai 2008 à 3h29

De notre correspondant à Madrid. Ils se faisaient appeler «El Bloque», le Bloc. Ou encore les «amis de Ginés». Toute l'Espagne connaît désormais ce prénom, celui du «shérif» à la tête depuis plus de vingt ans de la police locale de Coslada, une ville de 82 000 habitants à l'est de Madrid. Aujourd'hui sur le banc des accusés, les membres du Bloc se décrivent comme une «bande d'amis» avec ses codes, son hymne et ses rituels. La juge chargé de l'affaire les dépeint plutôt comme une «bande criminelle organisée».

Caïds. D'après le dossier d'instruction, ces policiers ripoux agissaient surtout la nuit. Tels des caïds en uniforme, ils semaient la terreur, insultant et frappant à l'envi, notamment des jeunes qui avaient le malheur de se trouver sur leur chemin. Ils avaient deux cibles de choix. Les patrons de bars de nuit, chez qui jamais ils ne dépensaient un centime et qu'ils rançonnaient gaiement - entre 2 000 et 5 000 euros pour ouvrir une terrasse ou obtenir une licence. Autres souffre-douleur : les prostituées. Ils ne payaient pas les passes, «consommaient» sans limite, et frappaient en cas de résistance, «sans laisser de traces».

Après plus de vingt ans d'impunité et d'omertà, les langues se délient à Coslada, anonyme cité-dortoir à l'est de la capitale espagnole. Depuis le début de semaine, 13 policiers locaux dorment en prison. Ils sont accusés de corruption, prévarication, incitation à la prostitution, détention d'armes illicites et association de malfa