En pleine nuit, fin avril, le cimetière d'une petite localité de la république démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre) a été le théâtre d'un sinistre ballet. A Sumbi, dans la région du Bas-Congo (sud-ouest), des inconnus ont, selon un député local, exhumé un nombre indéterminé de corps enterrés à la va-vite dans une fosse commune. Ceux des victimes de la campagne de répression d'une rare violence menée, fin février et début mars, par les forces spéciales de la police congolaise dans la région. Alertées par cet élu, les autorités locales ont récemment diligenté une enquête qui a confirmé l'exhumation. Les victimes sont des adeptes présumés d'un mouvement politico-religieux local, le Bundu Dia Kongo (BDK), qui prône la sécession du Bas-Congo et n'hésite pas à s'attaquer violemment aux représentants de l'Etat central, mais aussi à tous ceux qui refusent de lui prêter allégeance.
Second-plan. A la mi-mars, l'ONU avait également enquêté sur les violences commises dans le Bas-Congo par la police, dépêchée pour une «mission de pacification». Mais son rapport final, dont Libération s'est procuré une copie, n'a toujours pas été publié. Selon un observateur international joint à Kinshasa, cette discrétion s'expliquerait par la volonté d'éviter toute tension avec le pouvoir du président Joseph Kabila. Les Nations unies, qui mènent en RDC leur opération la plus massive à travers le monde (avec plus de 18 000 personnels civils et militaires), concentrent leur énergie sur la s