Envoyée spéciale à Beichuan (Sichuan). Les vieux sont restés là-haut. «L'eau montait dans le village, raconte le mineur Men Fubing. Vendredi, on en avait jusqu'aux genoux, il a fallu partir.» Comme des dizaines de milliers d'autres habitants des montagnes du Sichuan, ce n'est pas le tremblement de terre qu'il a fui avec les plus valides de sa famille, mais la rivière de son village. Lundi dernier, les rives de la gorge surplombant le village de Qi Pan se sont effondrées sous la secousse. Culminant à 1 670 mètres, la montagne s'est aplatie à mi-hauteur. Un lac artificiel s'est formé en amont des éboulis qui bloquent le cours de la rivière. Des trombes d'eau menacent de déferler au premier glissement de terrain. Jeudi, l'eau a commencé à s'infiltrer dans le barrage instable, envahissant ce qui restait des maisons. «On s'est mis en route», dit Men Fubing.
Le lundi 12 mai, à 13h28, il était au fond de sa mine de Ling, au bout d'un corridor de 1 800 mètres, avec six collègues. «Deux sont morts sur le coup, on a couru comme des fous vers la sortie. Mais l'entrée était bloquée, sur des dizaines de mètres. On a creusé avec nos mains, pendant quatre jours, sans boire ni manger. A la sortie, toute ma famille était là.»
Tentes. A cinq, ils ont aussitôt pris le chemin de la vallée, avec ce qu'ils avaient sur le dos, de l'eau et quelques vivres. Ils ont marché pendant sept heures sans se retourner. Tout le monde est sauf, sous une tente de l'armée, comme 14 000