De notre correspondante à Johannesburg. En une semaine, les émeutes anti-immigrés d'une virulence inédite à Johannesburg ont fait au moins 22 morts et 220 blessés. Jour après jour, des foules de Sud-Africains pauvres s'attaquent aux immigrants zimbabwéens et mozambicains à Alexandra, un quartier surpeuplé et misérable de Johannesburg. Les Zoulous écument les bidonvilles peuplés d'étrangers. «Ils m'ont juste demandé d'où je venais, puis ils m'ont frappée à la tête», raconte Yvonne Ndlovu, une jeune Zimbabwéenne de 19 ans.
Depuis le 11 mai, des groupes munis de bâtons, de clubs de golf, et pour certains d'armes à feu, sèment la terreur, chaque nuit dans les rues du township. «Les étrangers prennent nos emplois, nos maisons. Ce sont des criminels ! accuse Thabo, un étudiant zoulou. Ils doivent partir !»
Ces dernières heures, tous les étrangers ont déserté Alexandra ou se sont réfugiés au poste de police, qui abrite un millier de rescapés depuis une semaine. Depuis jeudi, ce scénario s'est répété dans une quinzaine d'autres townships et dans les quartiers pauvres du centre-ville. Partout, des foules de Sud-Africains noirs font la chasse aux Zimbabwéens et aux Mozambicains, avec une extrême violence.
Supplice. «Les habitants ont regardé le drame en rigolant», selon le Times, un journal local qui a publié, hier, la photo d'un homme brûlé vif. Une image qui rappelle le supplice du pneu enflammé, symbole du débordement de violence pendant l'in