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Libération
Reportage

La colère des parents de victimes

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publié le 20 mai 2008 à 3h31

A Jiuyuan, envoyée spéciale. Une semaine après. La famille a fait agrandir la photo de Zhou Li, 16 ans, l'a sertie dans un cadre doré, et l'a posée sur sa tombe. Un magma de gravats, de cahiers d'écoliers et de chaussures orphelines aplani par les bulldozers. Ce qui fut l'école de Jiuyuan, un immeuble de cinq étages, qui abritait 1 000 élèves, pulvérisé le 12 mai à 14 h 28. Au huitième jour, les parents de Zhou Li n'ont plus l'espoir de retrouver son corps. La cérémonie funèbre aura lieu là, en cette matinée poudrée par la chaux que des ouvriers épandent, dans le vacarme des pelleteuses et l'odeur de la mort qu'ils ne sentent plus. La famille a apporté la couronne des morts, grand cercle de papier multicolore, on brûle de l'encens et des papiers de prière. Non loin, d'autres parents sacrifient aussi au rite traditionnel, hurlant leur peine. Leurs enfants étaient tous de la même classe de la middle school. Sur 60 élèves, 37 sont morts, et 10 sont à l'hôpital. Seulement 2 corps ont été retrouvés.

Mains nues. «On nous dit qu'il y a 200 morts, c'est le bilan officiel depuis le premier jour. Je suis certaine qu'il y en a 500 ou 600, dit la mère de Zhou Li, le gouvernement local ne nous dit rien. On y va tous les jours, mais ils refusent de nous recevoir.» Ces gens n'ont pas dormi depuis huit jours, mais la fatigue ne vient pas à bout de leur douleur. «Les blessures des catastrophes naturelles, on peut les supporter, mais celles causées par les hommes, non