«Ne faites pas ce que je dis et ne dites pas ce que je fais.» Entre le Quai d'Orsay et l'Elysée, c'est au mieux le grand écart, au pire la schizophrénie, sur la question du Hamas. D'un côté, le président de la République, qui jure de ne pas discuter avec «avec une organisation qui a annoncé qu'elle voulait rayer Israël de la carte»; de l'autre, le ministère des Affaires étrangères s'en remet à un diplomate chevronné et à la retraite pour prendre langue avec le parti islamiste, qui contrôle la bande de Gaza depuis juin 2007.
Sanctions. Comme l'a révélé hier le Figaro, l'ex-ambassadeur Yves Aubin de La Messuzière s'est rendu en mars à Gaza, où il a rencontré le chef du gouvernement non reconnu du Hamas, Ismaïl Haniyeh, ainsi que le «ministre» des Affaires étrangères et homme fort du mouvement, Mahmoud Zahar. Le diplomate, qui assure ne pas être missionné par le Quai, a rendu compte à son retour. Selon lui, le Hamas est prêt à reconnaître Israël dans ses frontières de 1967, ce qui équivaut à une reconnaissance indirecte.
Bernard Kouchner a confirmé ces contacts tout en les minimisant : «Ce ne sont pas des relations, ce sont des contacts. Nous ne sommes pas les seuls à en entretenir.» En fait, la diplomatie française a discrètement évolué. L'isolement total du Hamas, décrété par la communauté internationale et mis en oeuvre par Israël, n'a pas porté les fruits espérés. Non seulement, les sanctions affectent plus la population que les activistes, mais elles n'o