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Libération

A Johannesburg, les étrangers s'abritent dans les commissariats

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Afrique du Sud.
publié le 23 mai 2008 à 3h34

De notre correspondante à Johannesburg. Dans un bidonville coincé entre deux routes, à Primrose, dans l'est de Johannesburg, Patricia Makaya pousse une brouette chargée de vêtements abandonnés par deux Mozambicains : «Je vais les jeter à la rue pour leur montrer qu'on ne veut plus d'eux !» dit-elle avec véhémence. Samedi, cette Sud-Africaine a applaudi ses voisins quand ils ont attaqué les Mozambicains et les Zimbabwéens. Il y a eu des morts, de nombreux blessés. Au total, plus de 28 000 rescapés des émeutes xénophobes de ces derniers jours se sont réfugiés aux abords des postes de police, à la recherche d'une protection. A Primrose, 3 800 rescapés, traumatisés par les violences qui ont fait au moins 40 morts à Johannesburg depuis le 11 mai, ont dormi à la belle étoile pendant trois nuits, par un froid de canard. Son bébé dans les bras, Patricia explique qu'elle se battra s'ils reviennent : «Sous l'ancien gouvernement [pendant l'apartheid, ndlr], on vivait mieux ! Depuis qu'il y a tous ces clandestins, il y a plus de criminalité, les salaires sont bas et les prix ont augmenté

Soldats. Après le raid, elle a emménagé dans une cabane qui était occupée par deux Mozambicains, employés à la mine d'or voisine : «Avant, je louais une chambre. Maintenant, je ne devrai plus payer de loyer», se réjouit-elle. Elle a jeté leurs vêtements, mais pas leur télévision.

Le gouvernement, qui n'a pas l'habitude de gérer des crises humanitaires, a mis du temps à réagi