Envoyé spécial dans le delta de l'Irrawaddy«Voici l'école primaire» : un petit muret rectangulaire de briques. «Et ici le dispensaire» : une frêle structure de bois, ouverte aux quatre vents. «Là-bas, derrière la rizière, il y avait un hameau.» On ne voit que trois arbres tordus. Plus de trois semaines après le passage du cyclone Nargis, le village de Kyia Dutt, au sud du delta de l'Irrawaddy, expose encore ses plaies. Le gros bourg, à trois heures de barque de Dedaye (70 kilomètres au sud-ouest de l'ancienne capitale Rangoun), comptait 5 000 habitants. Cinquante ont été retrouvés sans vie, deux cents ont disparu.
Radio. Cette nuit-là, les villageois ont appris par la radio qu'un cyclone approchait. Mais ils en ignoraient l'intensité, explique un pêcheur sur la barque qui les ramène de Dedaye. «Personne n'avait dit qu'il fallait se déplacer. C'était le devoir du gouvernement, non ? A huit heures du soir, le vent a commencé. A dix heures, j'avais de l'eau jusqu'à la taille. Avec ma femme et mes deux enfants, on a trouvé refuge chez ma belle-soeur où on a fait barrage à l'eau avec des sacs de riz.» Un homme aux dents cerclées de métal raconte comment 13 membres de sa famille ont péri : «Ils sont allés de maison en maison, jusqu'à se retrouver sur le toit d'une grange. C'est là qu'ils ont été emportés.» Un jeune cultivateur de riz au visage poupin explique que, ces dernières années, le village se développait : «Il y avait une nouv