A berlin, intérim. Au creux du bloc de béton de plus de cinq mètres de haut, une lucarne permet aux passants de regarder la vidéo de deux hommes s'embrassant à l'infini. Inauguré officiellement hier à Berlin, ce monument à la mémoire des «triangles roses» - 50 000 homosexuels déportés et torturés par les nazis - se dresse près de la porte de Brandebourg, juste en face du mémorial aux victimes de la Shoah. Derrière, le parc du Tiergarten reste le lieu de drague favori des homosexuels au coeur de la capitale allemande. L'oeuvre, conçue par le duo d'artistes scandinaves Ingar Dragset et Michael Elmgreen, a été retenue en 2006 par l'Etat allemand pour son caractère à la fois «direct et subtil». Sur la façade du monument, un long texte revient sur les souffrances «sans précédent dans l'Histoire» infligées par le régime hitlérien à ceux qu'il appelait les «invertis». Quelque 100 000 noms étaient ainsi fichés par une police spéciale chargée de lutter contre l'homosexualité et l'avortement.
Réhabilitation. «Ce mémorial marque une nouvelle étape clé du combat pour la reconnaissance des homosexuels», assure Günter Dworek, porte-parole de la fédération gay et lesbienne allemande (LSVD), qui fut l'un des tout premiers lobbyistes homos à participer aux discussions sur la mémoire des victimes du nazisme obtenant en 1999 l'engagement de l'Etat «d'honorer dignement toutes les victimes». Dès le départ, ils ont reçu le soutien de la communauté juive dans c