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Libération

Confession d'un combattant-suicide

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publié le 2 juin 2008 à 3h42

Le bloc de béton situé au coeur de Kaboul (Afghanistan) abrite 300 prisonniers. C'est dans ce bâtiment que sont gardés les détenus des services secrets afghans, en attente d'un procès. Et parmi eux, Mohammed Ramadan, un jeune Pakistanais de 22 ans, qui au dernier moment a décidé de ne pas remplir l'intégralité de sa mission-suicide. Mi-janvier, Mohammed pénétrait avec des complices dans l'hôtel Serena, le nouveau 5 étoiles de Kaboul, censé être ultra-protégé. Déguisés en policiers, ils avaient prévu un véritable carnage : une fois à l'intérieur, ils doivent faire sauter leur veste bourrée d'explosif. L'un d'eux s'exécute. Mais Mohammed, après avoir abattu plusieurs personnes avec sa kalachnikov, tente de s'enfuir. Il sera finalement arrêté. L'attaque aura coûté la vie à sept personnes.

«Je n'avais pas peur». Dans le centre de détention, l'homme, vêtu d'une tunique bleue, accepte de nous parler, mais il murmure embarrassé : «Ne publiez pas l'article au Pakistan, je ne veux pas faire de la peine à ma mère, elle ne sait pas que je suis ici.» Originaire d'une zone tribale à la frontière de l'Afghanistan, le jeune homme étudiait dans une madrasa (école religieuse coranique) de Peshawar. Dans son village, un dénommé Mollah Waqeel lui parle un jour de la guerre sainte : «L'Afghanistan a été envahi par les infidèles, lui assure-t-il. Les Afghans vivent dans des conditions misérables et c'est votre devoir de faire le jihad pour les aider.» «Il m'a convaincu en me montrant de