De notre correspondant à Tokyo. L'ambiance monte d'un cran au Naked Loft, un petit bar tokyoïte du quartier de Shinjuku où l'on parle et chante tous les soirs. Avant le sommet du G8 des chefs d'Etat qui doit se tenir du 7 au 9 juillet au lac Toyako, à Hokkaïdo (la grande île du Nord), un «sommet des peuples indigènes», oubliés et opprimés, se tient dans divers lieux de la capitale japonaise depuis des semaines.
Il y a quelques jours, le Naked Loft était bondé, pour un programme un peu spécial. Thème de la soirée : les Aïnous, descendants lointains d'origine caucasienne des premiers chasseurs et cueilleurs aborigènes venus s'établir sur les terres du Japon il y a des milliers d'années, et discriminés depuis des siècles. Quand, entre bières et nouilles sautées, les bouillonnants et militants Aïnu Rebels, un groupe pop-folk aïnou, entonnent leurs morceaux et danses, les spectateurs exultent. «Les jeunes Aïnous sont différents de leurs pères , estime une intervenante. Ils sont moins fatalistes. Ils ne veulent plus se sentir prisonniers de leur sort. Ils croient au changement. Beaucoup se battent avec leur meilleure arme, leur culture, pour montrer qu'ils existent.»
Assimilation forcée. Au Naked Loft, chacun ose croire que le «sommet des peuples indigènes» qui se tiendra durant quatre jours avant le G8 dans le fief aïnou de Nibutani, réussira à voler la vedette au sommet plus médiatisé des pays riches. Pour les Aïnous, minorité la plus pauvre du Japon (estimés offici