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Libération

A Rio, les miliciens tortionnaires n'épargnent pas les journalistes

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publié le 9 juin 2008 à 3h48

De notre correspondante à Sao Paulo. «L'une des plus graves atteintes à la liberté d'informer depuis la fin de la dictature militaire», selon le syndicat des journalistes de Rio. «Nouvel épisode tragique du processus de détérioration du pouvoir public», pour le journal O Estado de São Paulo : l'enlèvement et la torture d'une équipe du quotidien populaire O Dia, dans la favela du Batan, l'un des 800 bidonvilles de Rio, suscite un tollé. La journaliste d'O Dia, son photographe et leur chauffeur avaient emménagé clandestinement dans la favela, au début du mois dernier, afin de réaliser des articles relatant les exactions commises par la milice parapolicière qui contrôle les lieux.

Repérés, ils sont tombés dans une embuscade le 14 mai. Ce jour-là, le chauffeur et le photographe acceptent de rejoindre un groupe d'habitants qui les invitent à boire un verre. Ils sont alors enlevés par dix hommes armés et cagoulés, qui capturent ensuite la journaliste. Sept heures durant, les trois seront soumis à la torture : coups, décharges électriques, tentatives d'étouffement dans des sacs en plastique, menaces de mort. Les tortionnaires auraient redoublé de cruauté après avoir accédé à la boîte mail de l'équipe et découvert les articles et les photos envoyées à la rédaction. Les victimes, dont l'identité n'a pas été révélée, par mesure de sécurité, n'ont été libérées qu'à la condition de ne pas porter plainte et de ne rien publier.

Sans signature. Le journal