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Libération

L'Europe, prédateur du boeuf irlandais

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Irlande.
publié le 13 juin 2008 à 3h52

Envoyé spécial à Dublin. Il n'est pas du genre à finasser. Quand Padraig Walshe, le président de la puissante Association des paysans irlandais (IFA), a quelque chose à dire, il l'assène : «Je n'aime pas cet homme. C'est un commissaire britannique, avec un ordre du jour britannique.Il n'apportera rien de bon aux consommateurs.» Walshe vise Peter Mandelson, le commissaire européen au Commerce, et vitupère contre son projet, en discussion à l'Organisation mondiale du commerce, d'ouvrir le marché européen aux produits agricoles à bas coût.

Emplois supprimés. Pour l'Irlande, ce serait la mort du boeuf dont elle est le quatrième exportateur mondial. C'est l'autre bataille européenne que mène Dublin. «En comparaison, le référendum sur le traité de Lisbonne est vraiment secondaire», affirme Padraig Walshe. Depuis son bureau sombre de la banlieue de Dublin, le président de l'IFA peut compter sur le soutien de 85 000 membres, qui font vivre et travailler plus de 300 000 personnes en Irlande.

Un de ses employés a fait le calcul : si le projet est validé, 100 000 emplois, dont 50 000 directs seront supprimés. «L'Europe, c'est jamais vraiment sexy à faire comprendre, complète un membre de l'IFA, mais là, on voit concrètement les enjeux.» L'Union européenne a pourtant versé près de 1,7 milliard d'euros d'aides communautaires aux agriculteurs irlandais. Une bonne part de l'ouest et du nord du pays, où les exploitations sont plus petites et plus démunies q