Serait-ce le début de la fin du communisme à la cubaine? L'île, sous le tout nouveau règne de Raúl Castro - qui remplace depuis février son frère Fidel, malade - ébauche-t-elle un véritable tournant ? D'un trait de plume, une signature au bas d'un décret, Raúl Castro vient d'en finir avec un des principes essentiels de la revo-lución : l'égalité des salaires. Le décret donne aux entreprises d'Etat (donc à toutes les entreprises cubaines) jusqu'au mois d'août pour appliquer un nouveau système dit de «salaire en fonction des résultats». Les employés pourront être rémunérés en fonction de leur productivité, ce qui n'est pas anodin dans un pays où de nombreux salariés ne se rendent tout simplement pas à leur travail, préférant la «débrouille» économique à des salaires de misère. «Ce n'est pas bon de donner au travailleur moins que ce qu'il mérite, mais ce n'est pas bon non plus de lui donner ce qu'il ne mérite pas», a explicité le vice-ministre du Travail, Carlos Mateu, dans une interview au quotidien officiel du Parti, Granma.
Sous le règne de Fidel Castro, la règle d'or fut celle de l'égalitarisme quasi-total, au nom de la justice sociale. Le nouveau décret prévoit une véritable échelle des salaires dans chaque entreprise, ainsi que la possibilité d'augmentation de 5 % pour les salariés les plus assidus. «Jusqu'à présent, la tendance était que tout le monde recevait la même chose, et cet égalitarisme n'est plus de mise», a estimé