Le centre commercial de Spandau, un quartier excentré de Berlin, peu avant la fermeture. Les clients entrent et sortent les bras chargés de paquets. Devant l'entrée principale de cette galerie de verre et d'acier pompeusement baptisée Spandauer Arkade, quelques bancs de bois circulaires sont pris d'assaut par une vingtaine de jeunes et leurs chiens.
Un petit groupe s'approche : deux policiers et trois jeunes arborant un sweat-shirt à capuche gris pâle estampillé Stark ohne Gewalt («Fort sans la violence»). La patrouille est aussitôt accueillie par une bouteille de bière qui se brise à quelques mètres. «Nous reviendrons plus tard, décide Andreas Baur. Quand nous patrouillons avec les jeunes, la priorité est bien sûr de ne pas les exposer au danger.» L'oeil averti du policier a reconnu parmi ceux qui traînent ce soir devant les Arkade quelques trouble-fête jugés «potentiellement agressifs» et visiblement déjà très imbibés. Les trois jeunes qui l'accompagnent - Aris, 13 ans, Ali, 16 ans et Milo, 33 ans - nullement impressionnés par la scène, serrent quelques mains à la ronde.
Briser la glace. Aris, un collégien kurde du Liban, participe ce soir pour la première fois à cette patrouille mixte. Ali et Milo font déjà partie du programme de lutte contre la violence Stark ohne Gewalt depuis plusieurs mois. Ali est un collégien libanais, Milo un Allemand né de parents serbes, employé dans un cabinet d'avocats. Tous deux veulent faire «