Envoyé spécial à Rusape (Zimbabwe)
Le soleil se couche sur Rusape, un voile de terreur tombe sur cette bourgade située à 170 km au sud-est d'Harare, la capitale du Zimbabwe. C'est la nuit que des habitants meurent ou disparaissent. Deux femmes parlent à voix basse. L'une étreint son enfant fébrilement. Elles redoutent l'arrivée d'un pick-up blanc Mitsubishi plein de jeunes miliciens du parti au pouvoir, armés de bâtons et de couteaux. Chaque soir, ces derniers font du porte-à-porte pour battre, et parfois tuer, les partisans de l'opposition.
«Vétérans». Terrifiées d'avoir enfreint le cessez-le-feu, imposé par les miliciens pour mener en toute quiétude leur campagne de terreur visant l'opposition et ses sympathisants, avec le soutien de l'armée, les deux femmes racontent comment elles ont été forcées, la veille, à assister à un rassemblement du parti au pouvoir, la Zanu-PF (l'Union nationale africaine du Zimbabwe), pour soutenir la réélection du président Robert Mugabe au second tour, le 27 juin. «Il y avait environ 30 membres de la Zanu-PF. C'était surtout des vétérans [qui ont participé à la guerre d'indépendance dans les années 70, ndlr] et beaucoup portaient des armes à feu. Ils ont déclaré que si nous votions pour Morgan Tsvangirai [le candidat de l'opposition],ils détruiraient nos maisons et que nous risquions de mourir.Ils ont même dit : "Nous avons mangé des foies humains et nous avons bu de l'urine pendant la guerre de libération. Nous so