Un éradicateur à la place d'un islamo-nationaliste : c'est, en substance, le résultat du changement-surprise de Premier ministre, lundi à Alger. De surprise, en revanche, il n'y en eut pas dans le casting. Le successeur d'Abdelaziz Belkhadem n'est autre qu'Ahmed Ouyahia, qui a déjà occupé le poste de Premier ministre de 1996 à 1998, puis entre 2003 et 2006.
Ce n'est donc pas un nouveau venu qui prend les rênes du gouvernement à l'abord d'une période délicate et troublée, qui doit conduire à la présidentielle d'avril 2009. Tout va en effet tourner autour de la question d'un éventuel troisième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, 71 ans et une santé chancelante, au pouvoir depuis neuf ans.
Les raisons de limoger Belkhadem ne manquaient pas, mais dans le théâtre d'ombres du pouvoir algérien, il est toujours difficile de démêler les apparences de la réalité des rapports de force. Pour s'en tenir aux faits, l'accumulation de tensions économiques, politiques et sociales a, semble-t-il, incité les décideurs algériens à mettre fin au mandat de Belkhadem. Malgré la rente pétrolière en pleine explosion, les émeutes à caractère social n'ont cessé de se multiplier ces derniers mois. A Oran, le dépit de supporters de foot du Mouloudia s'est transformé en violentes émeutes, fin mai, qui ont nécessité le bouclage du centre-ville pendant quarante-huit heures. Des heurts tribaux entre Arabes et Mozabites ont dégénéré en affrontements de grande échelle, dans le sud du pays.
Chômage. Certes,