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Libération

La Mauritanie, gendarme de l'Europe

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publié le 1er juillet 2008 à 4h07

Au printemps 2006, le monde découvrait les cayucos, ces grandes barques d'une quinzaine de mètres qu'utilisent les pêcheurs mauritaniens et qu'ont commencé à emprunter les clandestins africains désirant rejoindre les Canaries, porte d'entrée de l'Espagne, et donc de l'Europe. Débordée par l'afflux soudain de candidats à l'émigration, la Mauritanie a subi parallèlement de fortes pressions de l'Union européenne, particulièrement de l'Espagne.

Dans l'ensemble des mesures exigées de Nouakchott, figurait, entre autres, l'ouverture d'un centre de rétention à Nouadhibou, dans le nord de la Mauritanie, destiné à accueillir les migrants refoulés des Canaries. Une ancienne école avait été réhabilitée à la hâte, avec l'aide et sous la supervision de la Croix-Rouge. Les habitants de Nouadhibou lui ont trouvé un surnom : «Guantanamito». Amnesty International a publié hier un rapport, intitulé «Mauritanie : personne ne veut de nous», fruit d'une mission d'enquête menée en mars.

Le cas mauritanien est une illustration parfaite de la politique européenne de ces dernières années consistant à repousser vers le Sud ses frontières extérieures. D'autant que ce pays fait figure de maillon faible au Maghreb par rapport aux pétrorépubliques algérienne et libyenne, ainsi que la Tunisie et le Maroc dont la marge de manoeuvre politique est bien plus forte.

Mais en externalisant ses problèmes migratoires, l'Europe a indirectement contribué à une hausse très nette des violations des dr