Dans son premier discours de Président, c’était en août 2002, Alvaro Uribe s’était permis un peu d’émotion. L’homme, habituellement froid, a évoqué la mémoire de son père, assassiné un après-midi de juin 1983. «Il avait quelques mois de plus que moi aujourd’hui. Il lui est arrivé ce qui arrive à des milliers de Colombiens.»
Presque vingt ans après, le fils Uribe est devenu pour ses compatriotes le symbole de la fermeté face aux deux guérillas du pays, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et l’Armée de libération nationale (ELN) qui tuent des milliers de Colombiens, militaires ou civils.
Sans charisme particulier, «sans aucun sens de l’humour» selon ses propres amis, le petit homme qui ne danse pas et ne boit pas a imposé son image d’homme travailleur, intègre, qui ne promet rien, mais donne d’une voix posée des recettes pour mettre fin à trente-huit ans de guerre civile. «L’espoir de la Colombie», résume un de ses électeurs.
Les près de quarante ans «de vie publique d’homme honnête» du président colombien sont pourtant parsemés de zones d’ombre. Fils d’un commerçant habile qui, selon la bonne société de Medellin, «rendait de nombreux services aux Ochoa», une des familles les plus puissantes du cartel de Medellin, Alvaro Uribe a reconnu son amitié d’enfance avec le fils du clan, Fabio, aujourd’hui extradé aux Etats-Unis pour trafic de drogue. «Nous ne nous voyons plus depuis notre jeunesse», a-t-il dû se justifier.
D’autres souvenirs encombrent son CV. Il a du ma