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Libération

Les nouveaux avocats des «dossiers sensibles»

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publié le 8 juillet 2008 à 4h14

De nos envoyés spéciaux à Pékin Ce fut une journée quasi ordinaire pour Li Fang Ping. Elle a commencé avec un coup de fil matinal de la police qui lui a demandé s'il était bien chez lui. Quand il a ouvert sa porte, un comité en uniforme l'a accueilli. «Les policiers étaient en exercice, raconte-t-il, ils s'entraînaient pour les Jeux olympiques.» Ils ont demandé à l'avocat de monter dans leur voiture. Il a résisté un moment avant de céder. «De toute façon, ils ne m'auraient pas lâché, alors à quoi bon ? Ils voulaient savoir où j'allais, ce que je voulais faire. Je n'ai rien dit, mais ils m'ont gardé plus de deux heures avant de me laisser repartir.»

Li Fang Ping, 34 ans, est un habitué de ce genre de tracasseries. Avocat depuis douze ans, il gère ce que l'on appelle en Chine «les dossiers sensibles». Entendez par là la défense de tous ceux qui un jour ou l'autre se retrouvent confrontés au pouvoir communiste. «On est sans cesse contrôlés ou gênés dans notre travail. Actuellement, c'est très tendu à cause des Jeux olympiques. Les autorités redoublent de vigilance, ils ont peur des "troubles de l'ordre public" qui viendraient nuire à l'événement.» Quand on est avocat en Chine, mieux vaut se consacrer au droit commercial. Jiang Tianyong, un ami de Li Fang Ping, a eu le malheur il y a quelques semaines de s'intéresser de trop près à la répression au Tibet. «J'ai reçu un SMS d'un collègue qui me demandait si je voulais défendre les manifestants tibéta