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Libération

«On ne sait pas ce que pensent nos dirigeants»

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publié le 8 juillet 2008 à 4h14
(mis à jour le 8 juillet 2008 à 4h14)

Envoyés spéciaux à Pékin

Existe-t-il un débat d'idées en Chine ? Novlangue, informations positives, éloge des dirigeants, détournement des conflits sociaux en faits divers provoqués par des gangs de malfaiteurs. La lecture du Quotidien du Peuple ou le journal du soir de la télévision centrale CCTV laissent penser que la propagande du parti unique n'a pas faibli depuis la Révolution culturelle.

«Bien sûr, les médias sont contrôlés, mais ce n'est pas là que se situe le débat en Chine», explique Wang Hui. Enseignant à Qinghua, une grande université de Pékin et âgé de 47 ans, il anime avec quelques autres intellectuels la Nouvelle Gauche. Ni un parti (interdit en République populaire de Chine) ni un lobby comme il en existe par centaines depuis l'ouverture du pays à l'économie de marché, la Nouvelle Gauche est un courant de pensée qui préconise plus de social dans la société chinoise. Ses meilleures plumes se retrouvent dans la revue Dushu, dirigée par Wang Hui et en vente dans les kiosques.

Pour eux, la Chine, coincée entre un socialisme dévoyé et un capitalisme rongé par le népotisme et la corruption, cumule les pires aspects des deux systèmes. Ils réclament un développement équilibré et plus égalitaire. Et en débattent par articles interposés et conférences publiques : «Dans la fin des années 90, un clivage est apparu sur l'avenir de la Chine et son modèle politique et économique. Le débat porte surtout sur les inégalités», explique Wang Hui.