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Portrait

Rudolf Brazda, le symbole des Triangles roses, victimes homosexuelles des nazis

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publié le 14 juillet 2008 à 4h18

De notre correspondante à Berlin «L'événement intervient si tard qu'aucune victime n'est présente pour y assister.» Le ministre de la Culture allemand, Bernd Neumann, déplorait ainsi fin mai l'absence de survivants lors de l'inauguration, au coeur de Berlin, du mémorial dédié aux Triangles roses, les victimes homosexuelles du nazisme. Dans les environs de Mulhouse, Rudolf Brazda, ancien Triangle rose de 95 ans, suivait ce jour-là les informations à la télévision et il décida aussitôt de rompre le silence. Sa nièce contacte l'association allemande des gays et lesbiennes LSVD, qui invite aussitôt le vieil homme à Berlin.

Liaison. Rudolf Brazda, né en Saxe de parents tchèques le 26 juin 1913, a juste 20 ans à l'arrivée de Hitler au pouvoir. En 1934, alors qu'il vit avec son compagnon, il est condamné à six mois de maison de correction pour homosexualité en vertu de l'article 175 du code pénal. Puis, le jeune homme est expulsé vers la Tchécoslovaquie où il se produit dans une troupe de théâtre et d'opérette. Il s'y fait remarquer pour ses interprétations de Josephine Baker. Après l'annexion des Sudètes en 1938, Rudolf Brazda est de nouveau arrêté et déporté au camp de concentration de Buchenwald où il devra effectuer des travaux forcés entre 1941 et 1945.

«J'ai eu de la chance», confie-t-il à Eva Brückner de l'association LSVD, pour expliquer sa survie grâce à une liaison avec un kapo communiste. Mais Rudolf Brazda avoue «avoir toujours peur des nazis», ceux d