C'est une véritable bombe judiciaire qu'a lancée hier le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, en annonçant avoir demandé l'inculpation et l'arrestation du président soudanais, Omar el-Béchir, pour «génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre» au Darfour. C'est aussi un pari risqué qu'il prend, car la charge symbolique et les implications politiques de telles accusations, visant de surcroît un président en exercice, sont telles que d'intenses pressions vont s'exercer sur la CPI dans les semaines à venir. Un panel de juges de la Cour doit ainsi se prononcer d'ici «deux ou trois mois», selon le procureur, après avoir examiné les éléments de preuves fournis. Les juges pourront accepter ou rejeter la demande d'inculpation et d'arrestation du procureur, ou encore réclamer un complément d'information.
Embûches. Luis Moreno-Ocampo entame une route semée d'embûches. Cette demande d'inculpation est une double première pour la CPI : d'abord pour génocide, ensuite contre un chef d'Etat en exercice. Le traité de Rome, fondateur de la Cour qui fêtera son dixième anniversaire jeudi, permet des poursuites contre des chefs d'Etat. Mais la CPI ne dispose pas de sa propre force de police, ce qui la rend dépendante du bon vouloir des Etats. En cas de confirmation de l'inculpation, qui aura le courage d'arrêter le président El-Béchir lors d'un déplacement à l'étranger ou de sa participation à un sommet international ? Ce n'est que l'un des