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Libération

Pinchao, l'ex-otage qui n'oublie pas

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publié le 21 juillet 2008 à 4h22

De notre correspondant à Bogota L'enlèvement n'y a rien changé. La coupe est toujours irréprochable, l'uniforme impeccablement sanglé. L'intendant John Pinchao reste fidèle à «l'institution», la police colombienne, pour laquelle il a sacrifié plus de huit ans de liberté. Dans la maison de son enfance, dans une ruelle escarpée d'un quartier pauvre de Bogotá, seuls les traits plus marqués rompent avec la photo du jeune policier qui, un jour de 1998, avait été muté dans la bourgade amazonienne de Mitú. C'est là, quelques semaines après son arrivée, qu'il était capturé par la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

Ennui. «Les guérilleros jaillissaient de tous les coins», se souvient-il. Après une nuit à se défendre désespérément, il était pris avec 60 autres policiers. Les Farc allaient l'intégrer, avec d'autres militaires, bientôt rejoints par des personnalités comme Ingrid Betancourt, à une liste d'otages «échangeables» contre leurs combattants prisonniers. Vingt-six d'entre eux sont toujours aux mains des Farc (lire ci-contre) sur un total de 700 personnes détenues par la guérilla. En l'absence de négociations, Pinchao et ses camarades d'infortune ont vécu un long calvaire, que le policier a décrit minutieusement (1). Les marches épuisantes pour fuir l'armée, où le policier, blessé au genou, traîne la jambe, succèdent à de longues périodes d'ennui dans des campements improvisés. «Le pire, par-dessus tout, c'était d'être