De notre correspondant à Istanbul. Les poursuites ont récemment été ouvertes par un procureur d'Istanbul pour «insulte aux valeurs religieuses» et le romancier Nedim Gürsel, 57 ans, en est encore stupéfait. «La Turquie est une république laïque et non pas une théocratie : je n'ai pas eu l'intention d'insulter la religion dans mon livre, mais nous avons la liberté de la critiquer», soupire l'écrivain qui vit entre Istanbul et Paris, et qui est également directeur de recherche au CNRS et professeur de littérature turque à la Sorbonne.
«Vilipendé». La semaine dernière, une information a été ouverte suite à une plainte déposée contre son dernier livre, Les Filles d'Allah. Au titre de l'article 216 du nouveau code pénal, adopté il y a trois ans avant le début des négociations d'adhésion avec l'Union européenne, le parquet a estimé que l'auteur a «vilipendé publiquement les valeurs religieuses d'une partie de la population». Le romancier risque une peine de prison «de six mois à un an» pour risque de déstabilisation de «l'ordre public».
«Il s'agit d'un roman sur la vie du prophète Mahomet et la naissance de la religion musulmane dans lequel je m'interroge sur la croyance, comme sur la violence dans l'islam, à partir des sources principales et traditionnelles, mais aussi à partir de sources secondaires, d'ennemis de Mahomet qui ne peuvent pas faire l'éloge du prophète», se défend Gürsel soutenu par de nombreux intellectuels. Deux de s