Au nom du Parti du peuple cambodgien (PPC), une brochette de caciques communistes, figés à la mode soviétique sur un panneau géant, souhaitent la bienvenue à Pailin, à 300 kilomètres au nord-ouest de la capitale.
Aujourd'hui chasse gardée du PPC, au pouvoir à Phnom Penh, ce gros bourg perdu et poussiéreux fut, jusqu'en 1996, le fief des Khmers rouges. Durant des années, les hommes de Pol Pot ont verrouillé cette région limitrophe de la Thaïlande. Mais il y a douze ans, 6 000 combattants guidés par le numéro 3 des Khmers rouges, Ieng Sary, rendaient les armes. Non sans avoir négocié auparavant passe-droits et avantages avec la bénédiction de Hun Sen, l'ex-Khmer rouge devenu Premier ministre. Ce dernier est le grand favori du scrutin législatif de dimanche (lire ci-dessous).
Génocide. Les seigneurs de guerre d'hier n'ont pas disparu dans la nature. Si Ieng Sary et sa femme ont été arrêtés en 2007, avec Nuon Chea, alias «frère numéro 2», et l'ex-chef d'Etat Khieu Samphan, d'autres ont été intégrés à la société locale. Ee Chhean, l'ex-commandant militaire, est devenu gouverneur de la ville, le patron local et a fait du fils de Ieng Sary son premier adjoint. Sur les sept gouverneurs du district, quatre sortent d'ailleurs des rangs de l'ancien régime responsable du génocide des années 70. Le PPC leur a pourtant ouvert les bras. Les uns et les autres affirment en choeur vouloir «tourner au plus vite la page