Ses proches assuraient qu'il préférerait se suicider plutôt que de comparaître devant la justice internationale, celle des «vainqueurs». Mais, hier, Radovan Karadzic, cheveux courts et rasé de près, le visage amaigri, était bien dans le box des accusés à La Haye. Dix jours après son arrestation à Belgrade, et au lendemain de son transfèrement aux Pays-Bas, il a comparu pour la première fois devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).
Pugnace. Calme et concentré, l'ancien homme fort des Serbes de Bosnie a écouté le juge lui résumer les onze chefs d'inculpation pour lesquels il risque la prison à vie : le siège de Sarajevo, le massacre de Srebrenica, les campagnes de «nettoyage ethnique» en Bosnie. Karadzic, 63 ans, a confirmé qu'il se défendrait seul des accusations de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de génocide. Il a obtenu un délai de trente jours pour étudier l'acte d'accusation, avant de décider s'il plaiderait coupable ou non coupable. Son procès reprendra le 29 août.
C'est à la toute fin de cette première audience que cet homme paisible, aux allures de grand-père, s'est soudain montré plus pugnace. Comme le président du tribunal lui demandait s'il souhaitait s'exprimer, Radovan Karadzic a chaussé ses lunettes pour lire un texte de quatre pages. L'ex-chef politique des Serbes de Bosnie souhaitait dénoncer de «nombreuses irrégularités» qui, selon lui, entacheraient déjà son procès. Mais la cour ne lui en a pas