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Alexandre Soljenitsyne, mort d'un monument de dissidence

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publié le 4 août 2008 à 4h30

L'écrivain russe Alexandre Soljenitsyne, décédé la nuit dernière à l'âge de 89 ans, a joué un rôle historique en révélant aux Russes et au monde entier l'univers inhumain des camps soviétiques, auquel il a donné un nom, celui de l'Archipel du Goulag. Patriote habité par une force prophétique et une détermination comparables à celle d'un Dostoïevski, certain d'être élu par le destin qui lui avait permis de vaincre un cancer, l'écrivain dont la longue barbe le faisait ressembler aux grands intellectuels du XIXe a consacré sa vie à lutter contre le totalitarisme communiste.

Né le 11 décembre 1918 dans le Caucase, il adhère aux idéaux révolutionnaires du régime naissant et fait des études de mathématiques. Artilleur, il se bat contre les troupes allemandes qui attaquent l'URSS en 1941. Ayant critiqué les compétences guerrières de Staline dans une lettre à un ami, il est condamné à huit ans de camp en 1945. L'expérience le marque à jamais et l'engage sur un chemin d'exception.

Exilé puis expulsé. Libéré en 1953, quelques semaines avant la mort de Staline, il est exilé en Asie centrale et commence à écrire, puis revient dans la partie européenne de l'immense pays pour devenir enseignant à Riazan, à 200 km de Moscou. Le nouveau maître de l'URSS, Nikita Khrouchtchev, donne son feu vert à la publication, dans la revue littéraire non conformiste Novy Mir, d'Une journée d'Ivan Denissovitch. Le récit sur un détenu ordinaire du Goulag paraît le 18 novembre 1962. Un tabou est brisé,