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Arbey Delgado, 10 ans et 2 jours de captivité

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publié le 5 août 2008 à 4h31

Chaque jour, «Libération» et le collectif Agir avec Ingrid publient le portrait d'un des 30 otages politiques de la guérilla colombienne.

(à Bogota). Jour et nuit, la chaîne lui pèse. Attaché à un arbre pour dormir, entravé le reste du temps, le sergent ne supporte plus le poids des maillons sur son cou. «Je n'arrive presque pas à dormir, écrit-il à sa femme dans sa dernière lettre, parvenue en janvier dernier. Je suis las, fatigué.» Le militaire qui, quelques semaines avant sa capture, chatouillait son troisième bébé de sa moustache et jouait à lui mordiller les joues, que ses parents évoquent, bonhomme, en train de jouer au football, a le moral brisé par la sinistre monotonie de la captivité. Engagé sous l'uniforme pour «gagner de quoi avoir sa maison et une vie digne», selon les déclarations de sa mère, Delgado, qui adolescent aidait son père dans une carrière de sable, n'avait pas de passion particulière pour les armes. Enfant, il avait même abandonné une partie de chasse, effrayé par les cris de gros oiseaux. Lors de ses courriers précédents, il y a sept ans, il avait mêlé des fleurs séchées, choisies dans «l'immense jungle», à un flot de nouvelles écrites sur tout ce qu'il avait pu trouver : serviettes jetables, papier toilette. Cette fois-ci, le courrier à son épouse est empreint de pessimisme. «Ici, tout n'est que tristesse et désespoir.» Il lui reste une volonté : sortir à temps pour célébrer les 15 ans de sa fille - elle en