Envoyé spécial à Mexico. Loveness Mkeyi, 35 ans, est infirmière dans un centre de santé au Malawi, où elle suit des malades du sida. Elle est épuisée : «Il y a parfois tant de malades à voir. Ils doivent attendre des heures avant d'être reçus. Il n'y a pas d'assistant pour m'aider. Dans le centre où je travaille, on devrait être au moins cinq infirmières.» Autre lieu et même constat, Emily est infirmière dans un centre de santé au Lesotho : «On devrait être quatre, je suis seule. Je fais tout : les prises de sang, la prévention du VIH dans la grossesse. Quand je ne suis pas là, le centre est fermé. Ici, beaucoup d'infirmières sont parties en Grande-Bretagne ou en Afrique du Sud. Si j'étais plus jeune, c'est ce que je ferais aussi.» Comment faire face au manque dramatique de personnel soignant ? Lors de la conférence de Mexico sur le sida, l'ONG Médecins sans frontières a organisé une réunion spéciale sur cette question, devenue aujourd'hui le défi central dans la problématique de l'accès aux traitements. Aujourd'hui ce ne sont plus les médicaments antisida qui manquent, mais le personnel pour gérer leur diffusion.
«Salaires». Comment soigner, en effet, au Malawi, avec 1,2 médecin pour 100 000 habitants (l'OMS en recommande 10), et 28 infirmières pour 100 000 habitants (l'OMS en recommande 100) ? «En Afrique subsaharienne, le manque est partout. Les raisons ? On les connaît, a détaillé la jeune médecin Pheelo Lethola du Lesotho. Au fil des ans, depuis