«Le mot même de Telaviv [en un seul mot, ndlr] exerçait une sorte de magie inexplicable. Il me suffisait de le prononcer pour imaginer un grand costaud bronzé en débardeur bleu», écrit Amos Oz dans son livre de mémoire, Une histoire d'amour et de ténèbres, dédié à sa ville natale, Jérusalem.
Tout paraît opposer les deux villes. Si Tel-Aviv célèbre ses cent ans l'an prochain, Jérusalem se complaît dans une histoire suffisamment ancienne pour accueillir les trois monothéismes, les croisades et toutes les guerres du Moyen-Orient. A moins d'une heure d'une route toujours chargée, Tel-Aviv se veut aux antipodes de ce monde tragique. A Tel-Aviv, il y a la mer et les plages. Amos Oz toujours : «La mer peuplée de juifs bronzés qui savaient nager. Qui savait nager à Jérusalem ? Qui avait jamais entendu de juifs sachant nager. Ils n'avaient pas les mêmes gènes. C'étaient des mutants.»
Depuis que Jérusalem existe, les écrivains écrivent sur Jérusalem. Itinéraire obligé de Paris à Jérusalem, mémoires d'outre-tombe. Tout le monde y va de sa pâmoison. Pierre Loti : «Jérusalem !. Oh ! L'éclat mourant de ce nom ! Comme il rayonne encore, du fond des temps et des poussières, tellement que je me sens presque profanateur, en osant le placer là, en tête du récit de mon pèlerinage sans foi !» Et c'est parti pour 207 pages (Jérusalem, Petite bibliothèque Payot). Tout y passe les églises, les minarets, les Arabes, les vieux juifs, les souks, les