La démission de Pervez Musharraf annoncée ce lundi est-elle une surprise ou était-elle inéluctable à la veille du déclenchement d’une procédure de destitution contre lui?
Il aurait pu tenter le bras de fer. Les deux tiers des voix nécessaires à l'«impeachment» par les parlementaires n'étaient pas acquis. Ce qui a précipité son choix, ce sont certainement les fissures dans son propre camp. Mais Musharraf est d'abord la victime de la coalition au pouvoir, et notamment du PPP (Parti du peuple du Pakistan de lancienne Premier Ministre Benazir Bhutto, tuée dans un attentat suicide le 27 décembre 2007, ndlr) et de la PML(N) (Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz de Nawaz Sharif, lui aussi ex-Premier ministre), qui s'opposent à lui depuis la campagne électorale de l'hiver dernier et même avant. La principale chose - peut-être même la seule - qui rassemble les deux partis du PPP et la PML(N), c'est l'hostilité à Musharraf. Et c'est grâce à elle qu'ils ont emporté les élections législatives de février.
Le soutien des Etats-Unis au président pakistanais n’est également plus ce qu’il était…
Oui, les Etats-Unis étaient le principal étai extérieur de Musharraf mais il a déçu Washington dans la lutte contre les islamistes. L'équation personnelle de Bush et de Musharraf est toujours solide mais Bush n'est plus là que pour quelques mois et il y a beaucoup de défiance dans l'administration américaine à l'égard de Musharraf. On estime qu'il aurait pu faire plus, voi