De notre correspondant à La Paz. C'est une histoire de gros sous qui secoue le pays le plus pauvre d'Amérique du Sud. En organisant mardi une grève générale de vingt-quatre heures qui a paralysé une grande partie des activités dans leurs régions, cinq «prefectos» (gouverneurs régionaux élus) rebelles (sur les neuf que compte le pays) tentent par la pression de la rue de récupérer une manne financière confisquée par le gouvernement socialiste d'Evo Morales depuis octobre 2007. Le pouvoir avait décidé la création d'une pension annuelle à destination des personnes âgées de plus de 60 ans, baptisée «rente dignité», financée par l'impôt direct sur les hydrocarbures (IDH) qui tombait jusqu'ici automatiquement dans les caisses des régions. Le tollé est immense dans les territoires tenus par l'opposition qui dénoncent une mesure de rétorsion politique. «Cette année, nous avions prévu de recevoir 38 millions d'euros au titre de l'IDH, et nous n'allons finalement récupérer qu'entre 4 et 6 millions», assure un dirigeant de la région de Tarija. Elle concentre 80 % des réserves de gaz naturel boliviennes, qui sont les plus importantes d'Amérique latine après celles du Venezuela. Le 14 août, le président Morales a offert pour la première fois de dialoguer sur le dossier. Les gouverneurs rebelles ont refusé.
«Nous avons été trop tolérants avec le gouvernement et nous allons maintenant prendre toutes les mesures nécessaires», explique un dirigeant de la région de Santa Cruz.Pr