De notre correspondante à Kiev. Sur le port de Sébastopol, en Crimée, au milieu des passants avalant leurs glaces, quelques jeunes en scooter tournent autour de Dimitri, l'heureux propriétaire d'un tee-shirt éloquent. Côté face, Poutine. Côté pile, le visage du président ukrainien, Viktor Iouchtchenko, déformé par le poison, encadré de ces deux phrases : «L'Ukraine n'est pas encore morte. Mais c'est une question de temps.» Les drapeaux russes de la petite bande génèrent coups de klaxon enthousiastes et applaudissements. Quand passe un groupe d'Ukrainiens, portant la chemise brodée traditionnelle, le discours se fait agressif : «Rien que leur présence ici est une provocation», affirme Dimitri, entre deux jurons.
Car si l'Ukraine célébrait, il y a une semaine, son indépendance acquise en 1991 à la chute de l'URSS, Sébastopol, bastion russe au sud du pays, fêtait tout autre chose : le retour des trois navires ayant participé à la guerre en Géorgie, les fleurons de la flotte russe de la mer Noire, basée à Sébastopol. Léna, femme d'officier, ne cachait pas sa joie : «C'est la première fois que nous voyions partir ces bateaux en mission, alors nous sommes très heureux de les voir rentrer. L'armée russe a fait son devoir en allant défendre ses citoyens en Ossétie.»
«Trouble». Alors que Iouchtchenko a rappelé sa volonté d'arrimer coûte que coûte son pays à l'Otan, les habitants de Sébastopol arborent fièrement tee-shirts et drapeaux aux couleurs de la Russie.