Face à la violence, la société mexicaine a démontré, samedi, qu'elle était encore capable de se mobiliser massivement. Plusieurs centaines de milliers de personnes vêtues de blanc ont défilé dans soixante villes du pays pour protester contre l'insécurité. A Mexico, l'énorme place du Zocalo, centre névralgique de la capitale, était noire de monde, la foule de manifestants débordant dans les rues adjacentes. Le mouvement, baptisé Iluminemos México («Illuminons le Mexique»), a canalisé le mécontentement citoyen qui a refait surface début août suite à l'enlèvement et au meurtre d'un adolescent de 14 ans, Fernando Marti. Son père, un riche homme d'affaires, avait payé une rançon mirobolante aux ravisseurs, parmi lesquels plusieurs policiers corrompus.
Déclic. L'affaire a secoué les consciences. Les Mexicains ont réalisé qu'ils s'étaient tus depuis 2004, quand 1 million de personnes étaient descendues dans les rues de Mexico pour exiger plus de sécurité. «Rien n'a changé : la violence est devenue banale, la société s'est habituée, au même rythme que l'Etat de droit s'est désagrégé», dénonce Laura Elena Herrejon, organisatrice de la manifestation de samedi.
Le déclic s'est produit avec la disparition très médiatisée d'un riche héritier. Mais le ras-le-bol, relayé par des milliers de victimes plus modestes, est généralisé. Une mère éplorée qui supplie les kidnappeurs de libérer sa fille de 18 ans, enlevée il y a onze mois, leur promettant de ne pas les poursuivre et