De notre correspondant à Bogota Quand les agents sont venus l'arrêter, jeudi après-midi, le général en retraite Rito Alejo Del Rio terminait un déjeuner paisible dans un club militaire de Bogotá. Sa tranquillité venait de prendre fin : le gradé, protégé du président Alvaro Uribe, va devoir répondre d'accusations de complicité avec des escadrons paramilitaires antiguérilla. Ce n'est pas la première fois que le général est inquiété pour des crimes, remontant notamment aux années 1995 et 1997.
Dès cette époque, les témoignages abondent sur la connivence de ses troupes avec les milices, responsables de la disparition d'au moins 15 000 civils dans tout le pays. Au nom de la lutte contre une guérilla sanguinaire, escadrons et troupes régulières patrouillent alors ensemble pour persécuter militants de gauche et simples paysans dans la région sous sa responsabilité : l'Urabá, dans le nord-ouest du pays. «Je n'ai pas d'information sur la présence de paramilitaires dans ma juridiction», se défend alors invariablement Del Rio, depuis le siège de la XVIIe brigade.
«Pacificateur». Tortures, brûlures, yeux arrachés, décapitations. Les exactions sont pourtant répertoriées par plusieurs ONG et élus locaux avec listes de victimes à l'appui. Mais leur voix ne pèse pas lourd à l'époque. Les grands propriétaires et multinationales de la banane, Chiquita en tête, financent les paramilitaires de l'Urabá. Le gouverneur du département, un certain Alvaro Uribe - l'actuel chef de l'Etat - défend