Il aura fallu attendre six ans pour qu'une instance judiciaire pointe les présumés responsables du naufrage du Joola, dans lequel ont péri 1 863 personnes, en septembre 2002, au large du Sénégal. Ce fut la pire catastrophe de l'histoire de la navigation civile mondiale.
Malgré les réticences des autorités françaises et le probable imbroglio diplomatique à venir, le juge d'instruction Jean-Wilfrid Noël a délivré, vendredi, neuf mandats d'arrêt internationaux contre de hauts responsables sénégalais, dont l'ex-Première ministre Mame Madior Boye, les ex-ministres des Forces armées et des Transports, le chef d'état-major général des armées, ceux de la marine et de l'armée de l'air, ainsi que des responsables de la Marine marchande.
Consulté l'année dernière, le ministère français des Affaires étrangères avait émis un avis défavorable à cette initiative, qui risque de provoquer la colère de Dakar. Lors du séjour du juge Noël au Sénégal, en janvier, le président, Abdoulaye Wade, avait menacé la France de mesures de «réciprocité» si des poursuites étaient engagées contre des responsables sénégalais.
Manquements. Au cours de cette commission rogatoire internationale de deux semaines, le juge français n'avait d'ailleurs pas pu auditionner l'ex-chef du gouvernement et les deux ministres. Les autorités sénégalaises ont longtemps bloqué cette commission, la seule accordée en cinq ans d'instruction. Malgré tout, ce voyage sur place à permis de recueillir des documents confortan