Dakar n'a pas mis longtemps à réagir - vivement - à l'émission, vendredi, par un juge d'instruction français, de neuf mandats d'arrêts visant des personnalités sénégalaises, dont une ex-Première ministre, deux ministres, trois hauts gradés de l'armée et des hauts fonctionnaires (Libération de samedi). Au terme de l'enquête du juge Jean-Wilfrid Noël, ils sont présumés responsables du naufrage du ferry sénégalais le Joola, le 26 septembre 2002, qui avait causé la mort de 1 863 personnes. Plusieurs Français ayant péri dans l'accident et la justice sénégalaise ayant classé le dossier sans suite, leurs familles avaient porté plainte en France en 2003.
Dans l'immédiat, les neuf personnalités visées ne peuvent plus quitter leur pays, puisque les mandats d'arrêt sont transmis à Interpol. Casse-tête supplémentaire, l'un des accusés, le général Babacar Gaye, assure aujourd'hui le commandement en chef de la Monuc, la mission de l'ONU au Congo-Kinshasa, où il dirige 15 000 Casques bleus.
Tout cela est «inacceptable» pour Dakar. «Nous regrettons la décision du juge français», a réagi Amadou Sall, le porte-parole du président Abdoulaye Wade. Il conteste non seulement la compétence, mais aussi le raisonnement du juge, qui remonte mécaniquement toute la chaîne hiérarchique jusqu'à la Première ministre de l'époque, Mame Madior Boye, «qui n'avait rien à voir avec cela», selon Amadou Sall.
Expulsions. Surtout, le porte-parole du président Wade menace implicitem