Menu
Libération

Le calvaire taurin des fêtes de village divise l'Espagne

Article réservé aux abonnés
publié le 16 septembre 2008 à 5h02

DE notre correspondant à Madrid Ce matin, Valentón (le Courageux) connaîtra son ultime heure de gloire. Ou, selon le camp opposé, il subira une mort hideuse après d'atroces souffrances. Alors que des fanfares joueront des airs médiévaux, ce toro bravo de 550 kilos sera lâché dans les ruelles de Tordesillas, un village de Castille, où tous les coups sont permis contre lui, sauf de le tuer.

Passé le pont et arrivé dans une vaste prairie, le pire l'attend : montés à cheval pour la plupart, armés de piques et de lances acérées, des dizaines d'hommes s'attaqueront à lui sans répit, trouant son corps autant que possible. Lorsque Valentón tombera à terre, à l'agonie, l'auteur du coup mortel aura «l'insigne honneur» de lui couper les testicules, et de les exhiber triomphalement dans la bourgade au bout d'une pique. La mairie lui décernera deux trophées : une décoration en or et une lance en fer forgé.

Sur son site web, la municipalité vante une «grande tradition immémoriale», née au XVe siècle. Mais pour les défenseurs des animaux, la fête annuelle de Tordesillas, une bourgade de 8 400 âmes située près de Valladolid, est devenue le symbole de l'ignominie. «C'est la tradition la plus vile et barbare de tout le pays», affirme l'Association nationale pour la protection et le bien-être des animaux. Dimanche, ils étaient des dizaines de militants à protester contre cette pratique. «Honte sur Tordesillas», «La tradition, ce n'est pas la torture», pouvait-on lire